Hier soir, la municipalité de la ville de Château-Thierry m’a invité à prendre la parole à l’occasion de sa cérémonie de vœux. L’occasion pour moi de revenir sur l’année passée, mais surtout sur la crise démocratique que traverse notre pays.
Retrouvez mon discours ci-dessous:
Mesdames et Messieurs,
Mes chers amis, en vos grades et qualités,
Si toutes les cérémonies de vœux sont différentes d’une commune à l’autre, elles le sont aussi d’une année à l’autre. Et c’est particulièrement vrai en ce début d’année 2019.
Le rite du nouvel an, c’est fêter la vie. On se souhaite une belle et heureuse année : santé, prospérité et joies. Le nouvel an, c’est en quelque sorte la promesse d’une renaissance personnelle mais aussi collective. Bonne année 2019 pour vous, personnellement et pour vos proches, mais aussi à vos institutions, vos entreprises, vos établissements et vos associations.
Permettez-moi aussi de souhaiter une très belle année à vous Monsieur le Maire, mais aussi à tous mes amis du Conseil municipal. Les résultats obtenus me réjouissent. Ils sont dans le droit fil du projet municipal que nous avons porté lors des dernières élections. Au-delà des aménagements urbains, des équipements structurants (sportifs culturels éducatifs etc.) il faut avoir toujours le souci de mieux prendre en compte la vie quotidienne. Bien évidemment, tous ces investissements doivent se faire sans augmentation de la fiscalité ce qui est encore le cas cette année et j’en suis très heureux.
Je voudrais saluer aussi tous les élus du territoire qui se mobilisent pour le développement du Sud de l’Aisne : merci Etienne, Olivier, Michèle, Anne, Bruno, Georges et Dominique, l’Etat mais aussi l’Europe pour mieux répondre aux attentes de nos habitants. Je n’oublie pas l’action de l’Etat et le soutien constant de M. Le Préfet et de Mme la sous Préfète.
C’est ce rassemblement au service de l’action collective, au-delà des convictions partisanes, qui nous a permis d’avancer. Et nous l’avons montré ce matin encore chez Greenfield pour défendre l’emploi et à l’APEI des Deux Vallées pour développer des services.
Je suis attentif à notre ruralité, je n’oublierai jamais d’où je viens. La proximité c’est mon ADN et je compte bien continuer à être présent sur le terrain, comme toujours, et je vous donne rendez-vous pour le 27ème Triathlon de l’Omois le 1er septembre.
Malgré mes fonctions de Secrétaire général parlementaire de la Francophonie, je n’en suis pas moins, avec mes collaborateurs, à l’écoute de vos remarques, des critiques et des colères de nos habitants, salariés, retraités, agriculteurs, viticulteurs, fonctionnaires, PME, artisans et commerçants.
Et j’ai été très attentif à l’exaspération qui s’est exprimée sur les ronds-points.
Pourquoi tant d’hommes et de femmes ont le sentiment de subsister davantage qu’ils n’existent ?
Je pense que nous percevons tous, peut-être, encore confusément que nous assistons à une nouvelle conception de la société.
Je ne peux que constater que l’action politique ne permet plus à chacun de trouver sa place dans notre société.
Certes, la France va mal depuis longtemps mais pour ma part, rien ne peut légitimer la violence, la casse ou le vol. Oui, les violences sont inacceptables et nous devons collectivement condamner ces agressions, incompatibles avec la démocratie.
Et je voudrais saluer le rôle, le courage, le sang-froid des forces de sécurité. Gendarmes, policiers, militaires, sapeurs-pompiers, méritent notre respect. Et je n’oublie pas les gardiens de prison. Tous font un métier difficile et sont trop souvent agressés, comme ces derniers temps. Sans ordre républicain, il n’y a pas de démocratie. Et je voudrais ici que collectivement nous puissions leur rendre hommage en les applaudissant.
Hier, la pauvreté c’était la faim . Aujourd’hui la consommation à outrance avec son déluge incessant d’images hors d’atteinte, pour beaucoup d’entre-nous, écrasés par les charges à payer . Ces images génèrent un flot de frustrations.
Même si des erreurs ont pu être commises au cours des derniers mois avec par exemple l’augmentation des taxes sur le carburant, qui a été déclencheur d’un ras-le-bol général. Et oui, c’était trop ! Et le gouvernement a tardé à comprendre les raisons de cette colère.
On oublie souvent que l’une des premières libertés, c’est la liberté de circulation. La hausse du prix du gasoil a été considérée comme une injustice et une agression contre la voiture. Cet espace de liberté est indispensable à la vie dans notre ruralité.
Et puis, aujourd’hui, dans ce monde hyper connecté, l’urgence, l’instantanéité et l’immédiateté occupent l’espace-temps. La société des Hommes adopte le même rythme. Cette frénésie ambiante génère de l’inquiétude et des incertitudes.
L’idée « du tout tout de suite » devient la norme. Mais en démocratie elle est suicidaire. Et ici au pays de Jean de La Fontaine nous savons que « patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. ».
En démocratie, Il faut prendre du temps surtout quand il s’agit de co-construire un nouveau pacte social. On ne peut pas le créer comme ça, comme on installe une application en deux clics sur un téléphone ou par une notification sur Facebook.
Alors mes chers amis, je fais le vœu que 2019 soit l’année de la renaissance du débat démocratique, serein et respectueux.
Plus que jamais, alors que la connaissance n’a jamais été autant à notre portée avec les chaînes d’infos en continu, notre liberté passe par le développement de l’esprit critique.
Face aux réseaux sociaux et leurs florilèges de fausses nouvelles, de photos truquées, ou de détournement de la vérité pour attiser colère ou haine, et tout ça sous anonymat, caché derrière des pseudos. Décrypter le vrai du faux devient un enjeu de société et un enjeu démocratique, l’émergence d’un citoyen émancipé, responsable, à l’esprit critique est nécessaire.
L’émancipation de chaque individu c’est aussi une mobilité sociale accessible à tous. Aujourd’hui, trop de gens se sentent laissés à l’écart. Depuis 1975, l’ascenseur social est en panne sèche.
C’est la mobilité sociale qui donne des perspectives d’avenir.
C’est pourquoi l’égalité des chances individuelles doit être la finalité de toute politique d’éducation, de santé et familiale. L’accès à un logement de qualité à un prix abordable, aux transports et l’amélioration des services publics en milieu rural contribueraient également à réduire les inégalités territoriales.
Le président de la République a apporté les premières réponses aux revendications salariales et sociales formulées par les gilets jaunes. Vous les connaissez.
C’est une première réponse de plus de 10 milliards d’euros qu’il faudra bien financer. Et, en 2019 le pouvoir d’achat des personnes concernées devrait croître comme jamais depuis 12 ans.
Ce premier coup de pouce pourrait en appeler d’autres à partir du moment où nos entreprises seront encore plus performantes avec la baisse de charges et des carnets de commande remplis. Mais pour cela, il faut aussi que ces blocages et ces violences qui nous coûtent très cher, cessent.
Mais les défis à relever pour l’environnement, le climat et la fiscalité, dépassent largement le cadre national, que ce soit.
L’harmonisation fiscale et environnementale doit se faire au niveau européen pour que nos entreprises, les agriculteurs, les viticulteurs, aient les mêmes charges et les mêmes contraintes, et éviter cette concurrence qui nous pénalise
C’est aussi au niveau européen que nous devons mener la lutte contre les paradis fiscaux, pour taxer les grosses fortunes et les GAFA -Google/ Apple /Facebook/ Amazon-.
Il nous faut une Union Européenne qui demande, dans le cadre des accords du libre échange, des clauses sociales et environnementales contraignantes avec des sanctions financières à la clé. Il devrait en être de même sur les violations des Droits de l’Homme dans les pays tiers.
Les élections européennes à la fin mai sont un enjeu majeur, politique, économique et social mais aussi de paix.
Nous avons peur des votes extrêmes parce que nous savons que le nationalisme c’est la guerre. La montée du racisme et de la xénophobie n’ont jamais été porteuses du vivre ensemble.
Profitons de cette occasion pour débattre enfin des questions qui interpellent nos habitants : l’Europe, la mondialisation ou encore l’immigration. Ce sont ces sujets que redoutent nos habitants qui sont déjà fragilisés. Le repli sur soi n’est pas la solution, mais le refus de réformer est la pire des réponses.
C’est pourquoi travaillons à une Europe plus forte, plus unie, plus sociale et plus protectrice.
Se pose également la question des dysfonctionnements démocratiques et institutionnels. Notre régime est à bout de souffle : abstention record, démocratie représentative remise en cause avec un Parlement devenu une simple chambre d’enregistrement.
Notre modèle démocratique doit revenir à ses principes initiaux, pour mieux répondre aux attentes du peuple :
-regardons les modalités d’un référendum facilité, d’initiative populaire ou citoyenne.
– mettons en débat la proportionnelle, la réduction du nombre de parlementaires.
– l’obligation de vote après la reconnaissance du vote blanc.
Ce débat public qui s’engage est l’affaire de tous : des gilets jaunes mais aussi de ceux qui ne le sont pas, la majorité silencieuse. Nous avons l’occasion de pouvoir construire ensemble un nouveau pacte social et politique.
Je connais les doutes. Ce ne sera pas un débat de plus, ni un débat sans lendemain. Ses conclusions devront être suivies d’effets concrets. C’est à cette condition que les liens pourront être retissés et que la confiance sera retrouvée.
Nous sommes à votre écoute et les permanences du mois de février seront dédiées à ce grand débat. Vous pourrez nous faire part de vos avis sur le site Internet www.jacqueskrabal.com!
Voilà autant de perspectives qui doivent nous mobiliser pour faire que cette crise qui nous interpelle, puisse non seulement être surmontée mais permette à la France de repartir vers l’avant et aux Français de retrouver espoir et confiance en l’avenir, dans le progrès économique pour tous.
Chers amis,
Nous pouvons imaginer toujours le pire, mais nous pouvons toujours rêver d’une société meilleure. C’est ce que nous devons rechercher pour 2019.
C’est ensemble, que nous mettrons sur orbite un monde nouveau, respectueux de chacun. L’année qui s’offre à nous est porteuse d’une aspiration aux progrès politiques, économiques, sociaux et culturels.
Il y a du neuf dans 2019. Il y a comme un appel à un cycle nouveau.
C’était le cas de la Renaissance, cet extraordinaire mouvement d’innovation littéraire, artistique et scientifique.
Nous célébrerons cette année les 480 ans des ordonnances de Villers-Cotterêts signées par François 1er qui ont fait du français notre langue officielle.
La Renaissance place l’Homme au centre de ses préoccupations : liberté et responsabilité guident les réflexions. La culture apparaît comme le carburant d’éveil des consciences et de l’intelligence.
Autant de similitude avec la période actuelle.
2019 est une invitation à réinventer le monde, un monde dans lequel l’émancipation de chacun permettra de concilier les ambitions individuelles et collectives.
Belle année 2019 à chacun et chacune d’entre vous.