Il faut sauver les industriels français

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En tant que député engagé dans une majorité qui a comme priorité de sauver nos industries, je ne peux que réagir à l’article paru dans L’union le jeudi 12 novembre, dans lequel je suis mis en cause, à propos de la question de l’achat à une filiale indienne de canalisations d’eau potable pour le Sud de l’Aisne.
Cette polémique locale n’est pas une simple querelle entre un industriel français, Saint-Gobain PAM (5 usines en France et un centre de recherches) et une filiale d’une multinationale indienne Electrosteel dont le siège et les usines sont à Calcutta.Les dirigeants de cette société doivent d’ailleurs mesurer la chance qu’ils ont de pouvoir s’exprimer dans le journal L’union. La réciprocité serait-elle vraie pour un industriel français en Inde ?Au-delà de cet aspect, ce débat est un exemple grandeur nature de la réalité économique de notre pays. C’est l’expression du combat pour la souveraineté industrielle et le patriotisme économique que nous devons tous mener encore davantage aujourd’hui avec ces moments de crise sanitaire, économique, sociale et environnementale.
Il nous faut réagir en regardant la réalité économique avec réalisme et sans faux semblants.Comme le disait Charles de Gaulle « il n’y a de réussite qu’à partir de vérité ».Contrairement à ce qui été écrit :- Oui nous accusons un déficit de la balance commerciale avec l’Inde. Les chiffres de la France ne mentent pas et sont clairs : la France affiche en 2019 un déficit de sa balance commerciale à 884 M€ et ce déficit a doublé par rapport à 2018 (source Trésor Gouvernement). – Oui Les entreprises françaises et européennes de tuyaux fonte ne vendent pas un seul tuyau en Inde car l’Inde n’a pas signé les accords sur les marchés publics et ce marché est totalement fermé (rapport du Sénat n° 140).- Oui il existe bien une concurrence déloyale caractérisée dans le cas des tuyaux fonte, cela a été confirmé par la Commission européenne dans une décision du 28 février 2020 concernant directement Electrosteel (source Commission européenne).
Il nous faut tous réagir ! Réagir c’est aller dans le concret et mettre tout en œuvre sans délai comme le souhaite le Gouvernement et le Ministre de l’Economie pour favoriser les relocalisations, ce qui est la seule manière de lutter contre la paupérisation des terres industrielles.Nous avons trop laissé faire pendant ces trente dernières années.Le débat, essentiel pour notre pays, est maintenant le suivant : veut-on sauver les industriels français qui produisent encore dans notre pays ?
La polémique sur les achats de tuyaux indiens dans le Sud de l’Aisne a mis en perspective le rôle central de l’achat public dans la sauvegarde de notre industrie et de notre savoir-faire industriel. La crise a montré de manière cruelle que sans industrie notre pays n’était pas capable de faire face aux défis sanitaires.
Bientôt en France si nous ne sommes pas vigilants nous ne serons plus en mesure d’assurer la sécurité sanitaire de nos infrastructures car nous serons face à des monopoles en provenance de pays n’ayant pas signé les accords sur les marchés publics et qui auront détruit la totalité des actifs industriels français.
Demain, si on n’y prend pas garde, nous serons face à de grands monopoles qui après avoir laminé la concurrence française avec des prix à bas coût, les remonteront, mais il sera alors trop tard puisque les usines françaises auront fermé… 
Fermer nos usines, perdre notre savoir-faire et détruire des milliers d’emplois en semant la misère dans des terres industrielles qui se battent pour survivre comme c’est le cas dans la région Grand-Est et dans les Hauts-de-France, est-ce vraiment cela que nous voulons ? 
Nous devons tous réagir collectivement et faire preuve de solidarité face à cette menace qui détruit notre tissu industriel, nos emplois et notre modèle social.Les solutions existent. Trois niveaux d’intervention dans les marchés publics sont à actionner sans délai :- La mise en œuvre de la réciprocité économique en excluant les fournisseurs des pays non signataires de l’Accord sur les Marchés Publics.- Le choix de la préférence européenne possible pour des considérations environnementales et sociales et dans le cadre d’objectifs liés à la sécurisation des approvisionnements.- L’instauration du mieux disant social et environnemental dans les appels d’offre en mettant en place des « circuits courts », axés sur la qualité et le développement durable. 
Tous ces leviers d’action sont prévus par le Code de la commande publique. Les services de l’Etat se tiennent à la disposition des décideurs locaux pour les aider et les conseiller en matière de commande publique, c’est ce que me rappelait M. le Préfet il y a encore quelques jours.
J’en appelle à la responsabilité de tous, des collectivités et des citoyens. Les élus de nos territoires doivent s’emparer de ces sujets. La France des territoires doit faire preuve de solidarité dans ce combat industriel. Ensemble, mobilisons nous pour le patriotisme industriel.