La bataille de Montmirail fidèlement reconstituée dans le champ même où elle s’est achevée à Marchais en Brie, le 11 février 1814 : Plus de 500 bénévoles, 1200 reconstituants à pieds ou à cheval,
venus de 15 pays d’Europe : Lettonie, Pologne, Tchéquie, Pays-Bas, Allemagne, Belgique, Prusse, Italie et France. . . Charges de la cavalerie, tirs d’artillerie avec les canons, manœuvre des troupes,
hôpital de campagne, bivouacs français et coalisés, ont constitué la plus grande reconstitution napoléonnienne jamais réalisée en France.
J’ai prononcé un discours dont je vous propose ici quelques fragments.
En présence de Madame la Sous-préfète de l’arrondissement de Château-Thierry Virginie Lasserre,
de Monsieur le représentant du Secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants Serge Barcellini,
de Monsieur le Président de la Région Champagne-Ardenne Jean-Paul Bachy,
du Maire de Marchais-en-Brie Alain Moroy,
du Maire de Montmirail Etienne Dhuicq,
de Monsieur le Président de l’association 1814v4 Joseph Puzo, . . .
[…] « Toute puissance est faible à moins que d’être unie ». J’emprunte ces mots à Jean de La Fontaine qui n’aurait pas manqué de saluer l’extraordinaire travail de reconstitution minutieuse et grandiose que vous avez réalisé, cher Joseph Puzo, entouré de très nombreux bénévoles. C’est à votre engagement, à votre détermination sans faille que nous devons les journées monumentales que nous venons de partager. Des journées qui représentent un regard rétrospectif sur de grandes heures de l’histoire de France mais qui sont aussi une pierre importante à l’édifice de la paix de demain.
A l’instar d’un Empereur menant ses troupes, d’un Général guidant ses soldats, vous avez su enrôler à vos côtés une armée de « Marie-Louise », une cohorte de « Pioupious », réunis sous votre bannière, la plus juste et la plus noble qui soit, celle de la mémoire et de la paix.
Je tiens à vous remercier très chaleureusement de votre implication et à saluer votre rôle majeur dans ces commémorations, non seulement celles du Bicentenaire de la Campagne de France, qui a marqué notre territoire, mais également celles du Centenaire de la Grande Guerre.
En effet, au-delà des événements majeurs de notre Histoire que vous nous avez permis de revisiter, non pas au travers d’un manuel scolaire ou sur un écran, si géant soit-il, mais grandeur nature, c’est le message que vous transmettez qui est capital. Un message fort et essentiel de rassemblement et de paix.
Oui, commémorer, c’est rassembler. Les commémorations sont des temps de recueillement pour la nation, ce sont des temps où elle doit puiser dans son passé pour s’ouvrir aux autres, pour construire son avenir. Ce temps dédié au souvenir doit rendre plus forte la nation française, permettre de nous réapproprier l’essence même de notre citoyenneté, de consolider les bases de l’union européenne et privilégier une vision plus pacifiste des relations internationales.
Ces temps de commémorations sont l’occasion d’éduquer la jeunesse française, européenne et mondiale, au devoir de mémoire et à notre histoire commune. Nous devons continuer nos efforts pour les sensibiliser aux actes d’héroïsme et aux sacrifices consentis par leurs aînés.
Or, c’est précisément ce que vous avez réussi, durant ces journées.
Merci à l’association 1814v4 de nous le remémorer de manière aussi explicite et encourageante.
A nous tous maintenant, au fil des 4 années de commémorations que nous avons commencé à vivre, de tirer les enseignements des errements de l’histoire pour que l’avenir soit définitivement meilleur. A nous, chacun à sa façon, de contribuer à construire une paix qui ne soit plus seulement européenne mais qui s’applique à l’ensemble de notre planète.
Ces commémorations vont se succéder, sur notre territoire durement marqué par les combats et les milliers de victimes, françaises, alliées, ou adverses à l’époque.
Nous devons donner à ces années de Centenaire le sens profond d’une amitié et d’une paix renforcées. Oui, nous devons nous souvenir de ces jeunes hommes, venus souvent de très loin pour sauver notre pays, notre continent, du marasme, au péril de leur vie. Nous devons garder en mémoire le sacrifice de ces soldats, la destruction de leurs familles, du fait de leur mort, en terre européenne. N’oublions pas que nous vivons en paix et libres grâce à leur dévouement, à l’image de Quentin Roosevelt, symbole, particulièrement pour Château-Thierry et le sud de l’Aisne, de l’héroïsme et de l’abnégation.
[…]
En effet, les commémorations de la Grande Guerre n’ont de sens que si nous édifions, en nous appuyant sur ce qu’ont vécu les soldats, mais également les civils, durant ce conflit, un monde plus solidaire. Un monde plus uni et qui fait de l’humain le cœur de ses préoccupations et de son action. Un monde où chacun respecte chacun, dans toute sa dimension. Un monde humain, simplement humain !
C’est grâce à une société rassemblée que nous pourrons offrir à nos enfants l’avenir de paix, d’égalité et de fraternité rêvé par leurs ainés.
En cette période de crise, la résurgence d’un populisme décomplexé, la propagation de certaines idées doivent éveiller notre vigilance. Chacun a un devoir d’éveil, de sensibilisation et d’alerte dans la lutte contre toute forme de discrimination. Oui ! La tentation est forte, en cette période où les repères sont effacés par les difficultés quotidiennes de nos concitoyens (chômage, hausse des prélèvements, recul du pouvoir d’achat…), de manifester une défiance de la politique, au travers d’un vote qui est un appel de détresse.
Dimanche dernier, les élections européennes ont donné les bien tristes et alarmants résultats que nous connaissons tous.
[…]
Nous devons bâtir une société respectueuse de l’être humain, de sa dignité et de son droit à la différence. Nous avons la responsabilité de défendre les droits de l’homme et les valeurs de paix.
Nous sommes un espace naturel de réconciliation, de liberté et de paix entre les peuples. Sachons le rester, sachons porter la nécessaire solidarité humaine au pinacle de nos valeurs.
« Il se faut entraider, c’est la loi de la nature », comme le disait Jean de la Fontaine. L’expérience du passé doit nous dicter l’humilité : la paix et l’amitié doivent supplanter la guerre et la haine.
Pour conclure mon propos, je rappellerai la phrase d’un homme qui a été un formidable écrivain mais aussi un compagnon de la Libération, Romain Gary. Il disait : « Le patriotisme, c’est l’amour des siens, le nationalisme c’est la haine des autres. »
Je terminerai donc par la devise de l’union européenne : « Unis dans la diversité. » Gardons cette devise en mémoire pour qu’elle nous guide dans notre vie de citoyen.