Courrier au président de la République

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Le 17 mai, j’ai eu le plaisir et l’honneur d’accueillir le président de la République, Emmanuel Macron, à l’occasion de la commémoration de la bataille de Montcornet. Je me suis entretenu avec lui de la situation de nos hôpitaux, en particulier celui de Château-Thierry, ainsi que des travaux de la future Cité internationale de la langue française, dans le château François Ier de Villers-Cotterêts. Je lui également ai remis le courrier suivant :

Monsieur Emmanuel Macron

Président de la République

Monsieur le Président,

J’ai beaucoup de plaisir à vous accueillir une nouvelle fois aujourd’hui dans l’Aisne, que vous connaissez bien maintenant, puisque vous y êtes venu à plusieurs reprises, notamment lors de votre itinérance mémorielle en novembre 2018. 

Je sais que vous n’ignorez rien des difficultés économiques et sociales de notre département, tout comme vous connaissez sa richesse mémorielle, culturelle et patrimoniale. Nous nous retrouverons, je l’espère prochainement, autour du château François Ier de Villers-Cotterêts, même si, comme vous le savez très certainement, cette ville a reconduit son maire Rassemblement national dans ses fonctions, d’une courte avance.

Au-delà de ces aspects historiques et culturels, je souhaite vous redire toute ma fidélité et vous adresser mes remerciements pour la gestion de la pandémie du Covid-19. Si notre pays a surmonté cette épreuve hors du commun, nous le devons à votre engagement, à celui du Premier ministre et de l’ensemble du gouvernement, sans oublier le rôle qu’ont joué les parlementaires. Notre gratitude va également aux élus locaux, ainsi qu’aux équipes soignantes et à toutes celles et tous ceux qui sont restés mobilisés pour faire tourner le pays pendant la crise sanitaire.

Pour autant, ce qui m’interpelle, c’est la défiance qui demeure dans l’esprit de nos compatriotes, envers la classe politique en général, et envers les dirigeants plus particulièrement. Cette défiance, mêlée de haine, de repli sur soi et de sectarisme, il nous revient de la combattre et de la résorber, dans la perspective de mieux appréhender les échéances nationales de 2022. 

Dans cette optique, je souhaiterais pouvoir échanger avec vous et avec vos collaborateurs, sur une mesure qui pourrait contribuer fortement à rendre confiance aux Françaises et aux Français. En effet, la crise du Covid-19 nous a montré la nécessité d’un engagement fort envers le monde de la santé. La réussite dans la lutte contre la pandémie provient souvent de petits hôpitaux, comme celui de Château-Thierry, que vous connaissez pour y être venu lors de la campagne électorale, en octobre 2016, avec un nombre de lits Covid passé de 6 à 12 et qui, sans classement catégorie 2, a obtenu un taux de sortie positive parmi les plus élevés des Hauts-de-France. Depuis sa construction, rien n’a changé dans cet hôpital, les conditions de travail sont difficiles. Si les urgences se sont mises en grève, c’est toujours dans la volonté d’assurer la continuité du service public. Malgré les conditions matérielles et psychologiques difficiles, cet hôpital a une hausse d’activité annuelle de 4,5 %, ce qui montre bien l’engagement des équipes. Nous avons besoin de votre appui pour faire avancer les choses auprès de l’ARS. 

Depuis que j’ai préparé ce courrier à votre attention, vous avez vous-même pris position à ce propos et la situation est venue confirmer la pertinence de ma démarche. Ainsi, vendredi, lors de votre visite à l’hôpital de la Salpêtrière, les équipes ont clairement exprimé leur découragement et leur incrédulité face aux annonces faites. 

C’est pourquoi, au-delà de ces annonces, qui ne sont pas perçues pour le moment comme des éléments concrets, je suis intimement persuadé que notre gouvernement doit enclencher rapidement un plan efficient de modernisation des hôpitaux, assorti d’une procédure de revalorisation des carrières pour les infirmières, infirmiers, aides-soignants, ainsi que les personnels des EHPAD.

Pour financer ce programme, nous pourrions réfléchir à un impôt de solidarité versé par les plus riches. Certes, notre pays doit continuer de se montrer attractif pour les investisseurs. Pour autant, les temps imposent que la solidarité nationale soit renforcée.

Il me semble que ces deux éléments joueraient un rôle majeur dans le retour de la confiance des Françaises et des Français. 

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’expression de mes sentiments les plus dévoués. 

Jacques Krabal

Député de l’Aisne