Conférence des ministres francophones de l’enseignement supérieur Bucarest – 21 juin 2019

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Allocution  du Secrétaire général parlementaire  de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie,  M. Jacques Krabal

Monsieur le représentant du Président de la République de Roumanie,

Excellences Mesdames et Messieurs les Ministres,

Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Monsieur le président de l’Agence Universitaire de la Francophonie, cher Sorin Mihai Cîmpeanu,

Monsieur le recteur de l’Agence Universitaire de la Francophonie, cher Jean-Paul de Gaudemar,

Madame l’administratrice de l’Organisation Internationale de la Francophonie, Chère Catherine Cano,

Monsieur le Directeur de Cabinet de la Secrétaire générale de la Francophonie, Cher Nicolas Groper, 

Mesdames et Messieurs les membres des délégations ministérielles,

Mesdames et Messieurs les représentants des bailleurs de fonds et des opérateurs numériques,

Mesdames et Messieurs les présidents d’université,

Mesdames et Messieurs les directeurs,

Honorables invités,

Mesdames et Messieurs,

Ma présence, en qualité de Secrétaire général parlementaire de l’APF, parmi vous, à l’ouverture de la Conférence des ministres francophones de l’enseignement supérieur, ici à Bucarest, peut vous paraître bien singulière. Pourtant, elle témoigne de la nouvelledynamique de la Francophonie que la secrétaire générale, Madame Louise Mushikiwabo a engagé :  

Une synergie politique commune avec les chefs d’Etat, les gouvernements, les parlements francophones et la société civile pour apporter plus de cohérence à l’action et une coopération mutualisée pour davantage de visibilité à nos institutions et nos opérateurs. 

La Roumanie, carrefour culturel par essence, incarne, par cette conférence, le point de départ de cette trajectoire nouvelle. Et cette cérémonie la consacre de façon exemplaire :  pour la première fois, se sont succédés à la tribune tous les différents acteurs institutionnels de cette nouvelle Francophonie que nous voyons émerger sous nos yeux : l’Etat- Le gouvernement – l’AUF – et les deux institutions que sont l’OIF et l’APF. 

Et c’est déjà, pour ma part, une première réussite de cette conférence qui nous rassemble aujourd’hui. 

Cette volonté d’action collective, on la doit, ici, à l’AUF, aux qualités de son recteur Jean-Paul De Gaudemar toujours soucieux de rassembler, et de son équipe à faire évoluer l’AUF pour mieux répondre aux évolutions et mutations des enseignements universitaires. 

Ils n’hésitent pas à bousculer les habitudes, à initier des partenariats, comme avec l’APF prochainement, et ce pour améliorer encore la qualité de la langue française à destination des futurs diplômés pour leur permettre une meilleure insertion sociale et professionnelle durable. 

Mais permettez-moi de saluer plus particulièrement le président de l’AUF, Sorin Mihai Cîmpeanu. Vous savez toute l’estime et le respect que j’ai pour vous.  Ils tiennent certainement au premier trait de caractère qui a retenu mon attention : votreténacité à porter les valeurs de la Francophonie et votre fidélité à la pensée de Léopold Sédar Senghor :  une vision humaniste qui repose sur la langue française et une politique multilatérale.

Et cette 4èmeconférence ministérielle d’IDNEUF est à l’image de vos personnalités :  rassembleuses autour d’objectifs communs : 

  • la définition et la mise en œuvre d’une stratégie numérique partagée au sein des universités et  en priorité dans les pays en développement (de l’ordre 500 dont 300 en Afrique) pour les 10 prochaines années 
  •  l’aide d’un fond d’investissement pour le Développement du Numérique dans l’Espace Universitaire Francophone (FIDNEUF). Je ne vais pas développer vos 4 programmes (A-Neuf ; B-Neuf ; C-Neuf ; D-Neuf). Tout le monde les connaît.

Tous ces objectifs sont de grande importance et mérite en effet la mobilisation, autour de l’AUF, de tous les acteurs institutionnels et des bailleurs de fonds.  

Et je suis venu vous dire que vous pouvez compter sur l’APF et ses 87 parlements pour vous aider et vous soutenir dans ces démarches en direction de la formation numérique des universités au service de tous. 

Je ne vais pas l’apprendre au professeuren agronomieque vous êtes, Monsieur le président.  La connaissance n’est pas un bien périssable. Elle ne se flétrit pas au contact de l’extérieur. Bien au contraire, elle se cultive par la confrontation à d’autres et s’épanouit par le partage au plus grand nombre.

La révolution numérique nous a permis de nous ouvrir un accès considérable à l’information mais l’information doit déboucher sur la connaissance qui façonne l’esprit critique, permet l’émancipation et une intégration sociale et professionnelle.

Et c’est l’objet même du méta-portail IDNEUF, lancé en 2016. Mais cette initiative n’était en rien un aboutissement. Bien au contraire.  Elle ouvrait le début d’une coopération mutualisée et grandissante entre les universités du réseau de l’AUF

Elle nécessite, depuis, des projets structurants réguliers, un cadre de financement sain et transparent pour enrichir ce fond de ressources pédagogiques.

Au-delà de ce soutien politique, votre action m’apparait exemplaire à plus d’un titre.  Vous utilisez le numérique comme :

  • Outil indispensable au développement des pratiques pédagogiques. 
  • Réponse à la question centrale de l’éducation de notre jeunesse francophone comme nous avons pu le constater au Tchad.

L’inauguration à N’Djamena du campus numérique de Formation des Enseignants en langue française (IFADEM) est une solution que nous devons multiplier pour répondre à la pénurie des enseignants. La diversité linguistique dans ce domaine devrait être la norme.

Vos contenus pédagogiques sont aussi certifiés et vérifiés avant d’être publiés et mis à disposition et vous favorisez les publications en français et en multilingue. Votre démarche répond ainsi à la vigilance de l’APF pour la promotion de la rédaction en français des documents mis en ligne. 

Nous publions, par exemple, des tribunes en faveur du multilinguisme dans les publications scientifiques et techniques mais aussi au sein des instances internationales, comme celle qui porte sur la promotion de la langue française et du multilinguisme dans les instances européennes.

Co-signée par l’AUF, TV5 Monde, l’Université Senghor et les présidents des sections européennes de l’APF, – Et je tiens à remercier la présidente de la section roumaine Simona Bucura-Oprescu, – cette tribune est en train paraître dans différents médias nationaux français. Nous espérons qu’elle recevra un écho aussi favorable dans la presse au niveau européen.

Et je voudrais rappeler que c’est ici que nous avons lancé l’appel de Bucarest avec le soutien de la présidente de la section roumaine de l’APF et du président de l’AUF en juin 2018.

Pour que le numérique soit perçu comme une opportunité, il convient de faire reculer les fractures numériques, sociales et culturelles surtout au moment où notre monde est traversé par des turbulences profondes pour des raisons multiples, malgré les progrès depuis 20 ans.

Le monde a peur et a perdu confiance en l’avenir. Pour certains même, hier était mieux qu’aujourd’hui et demain sera pire :

  • Remise en cause des sciences, de la recherche, de l’innovation
  • Remise en cause des élites

Pionnier à l’échelle de l’espace francophone, votre expérience est aujourd’hui un exemple vers lequel l’APF devrait tendre pour mettre en réseau ses 87 parlements. 

Beaucoup de perspectives d’actions s’offrent à nous et à notre programme numériqu@pf : sites web parlementaires, pétitions, consultations ou amendements en ligne, vote électronique mais aussi suivi de nos résolutions au sein des parlements ou encore partage des meilleures pratiques législatives. Et je pense bien évidemment à l’enregistrement des enfants sans identité.  

Je suis convaincu que le numérique, utilisé à bon escient, représente un atout au renforcement des parlements et à l’émergence de démocraties plus participatives. 

Mais si nous revendiquons la diversité culturelle et linguistique, il me semble essentiel que sur des sujets aussi importants, nous parlions d’une seule voix, celle de la Francophonie. 

Nous sommes tous des militants pour un enseignement universitaire de qualité partagé au plus grand nombre. 

Vive IDNEUF ! Vive l’AUF ! Vive la Francophonie !

Je vous remercie.