Vendredi 16 février, nous avons accueilli à Château-Thierry Madame Geneviève Darrieussecq, Secrétaire d’Etat au Ministère des Armées pour une journée de mémoire et d’espoir. Après avoir visité la Maison de l’amitié France-Amérique et l’exposition dédiée à Quentin Roosevelt, la Secrétaire d’Etat a souhaité prendre du temps pour échanger avec les associations d’anciens combattants: un moment fort pour le souvenir certes, mais aussi pour confirmer les nombreux engagements pris par le Gouvernement au profit des anciens combattants, revalorisés au cours de ces derniers mois et qui seront maintenus et financés en 2018.
La visite s’est poursuivie au temple de Château-Thierry, en cours de rénovation grâce à l’association “les amis du temple”, auquel le ministère des Armées a participé à hauteur de 40000€, suivi d’une réception à l’hôtel de ville de Château-Thierry. La visite s’est achevée par le cimetière de Bois Belleau, le monument américain et le centre d’interprétation de la côte 204, qui sera prochainement ouvert au public.
Une visite sous le signe de la réconciliation et de l’amitié entre les peuples.
Retrouvez ici mon discours:
Discours de Jacques Krabal,
député de l’Aisne
Vendredi 16 février 2018
Salon de la Légion d’honneur de la ville de Château-Thierry
Visite de Geneviève DARRIEUSSECQ
Secrétaire d’Etat auprès de la Ministre des Armées
Madame la Ministre,
Comme vous me l’avez dit en toute sincérité, vous connaissiez peu notre département de l’Aisne avant d’y venir ce matin. Ne vous en excuser pas, vous n’êtes pas la seule ! Et puis quand on vient du Sud Ouest, des Landes, de Mont de Marsan, on a peut-être quelques bonnes raisons de ne pas connaître tous les chefs-lieux de France comme le nôtre. Cette terre de l’Aisne est riche. Notre terre si fertile dans le domaine agricole et ici, dans notre Vallée de la Marne pour le célèbre breuvage pétillant, le Champagne.
Sa richesse l’est aussi d’hommes et femmes célèbres : Jean Racine, Jean de la Fontaine, Alexandre Dumas, Paul et Camille Claudel… Mais, cette terre s’est transformée, malgré elle, en champs de bataille, en champs de morts. C’est pourquoi elle demeurera à jamais imbibée du sang versé par nos jeunes soldats, poilus et alliés. Cette terre nous oblige donc à ne jamais oublier, ici plus qu’ailleurs.
Et pour nous cette terre c’est aussi la place des Etats Unis, la MAFA, le temple, la salle de la légion d’honneur, Belleau, la côte 204. Votre parcours Madame la Ministre, nous entraîne dans notre histoire. Je tiens à vous remercier de suivre quelque part, les pas de vos prédécesseurs.
Vous entrez dans les pas de vos prédécesseurs comme récemment l’ex Secrétaire d’Etat, Jean-Marc Todeschini à Pargny Filain, village complètement détruit, et sur le chemin des Dames pour préparer la visite du Président de la République en 2017. Avant lui, Jean-Pierre Masseret ici à Château-Thierry pour l’inauguration d’un monument en mémoire des Anciens Combattant d’AFN. Au-delà des lieux, des monuments, c’est à cette terre que vous venez rendre hommage Madame la Ministre, à travers un parcours qui rappelle à chaque visite ce passé.
Je vous en suis reconnaissant.
Votre visite coïncide avec le lancement de l’année de l’amitié France-Amérique, avec de nombreuses manifestations comme l’a rappelé M. le Maire, ce qui montre la dynamique du devoir de mémoire que nous avons engagé sur ce territoire. Et le Conseil départemental n’est pas en reste : je voudrais saluer son président et ses conseillers départementaux qui travaillent cette année à un grand rendez-vous à la Butte Chalmont autour du monument des fantômes de Landowski, si cher à Jean-Pierre Brioux et François Aubas. Sans oublier le rendez-vous autour de Quentin Roosevelt à Coulonges-Cohan avec l’escadrille Lafayette, qui tient à cœur à Freddy Dussart et la rénovation de la tour Mangin dans la forêt de Retz dorénavant accessible.
Au delà du lancement officiel de ces événements, sachez Madame que c’est avec émotion que nous vous accueillons dans le salon de la Légion d’honneur de la ville de Château-Thierry. La Légion d’honneur, la plus haute distinction de notre pays, fût décernée à notre ville sans oublier les villages alentours, par le Président Paul Deschanel en 1920 en raison de sa bravoure lors de la bataille de 1918.
N’oublions pas cette citation forte du général La Fayette : « Pour que vive la liberté, il faudra toujours que des Hommes se lèvent et secouent l’indifférence ou la résignation ».
Ce n’est pas par hasard si je tiens à citer ce parrain de l’amitié franco-américaine. Vous l’avez constaté à l’instant, dans le temple en cours de rénovation, un vitrail militaire : c’est le général La Fayette qui accueille le général Pershing et ses troupes.
Je tiens à saluer la persévérance et le travail de l’association « Les amis du temple de Château-Thierry et Monneaux », présidée par Bernard Guttinger et à son équipe dynamique dont je salue l’état d’esprit et la démarche, ô combien efficace, grâce à qui les travaux ont été financés par de nombreux partenaires et réalisés pour cette dernière année du centenaire, celle de la paix, celle de l’amitié franco-américaine. Cette amitié, née du tragique, lie plus que nos nations, elle lie nos familles : vous l’avez vu, sur l’autel une Bible. C’est celle qu’a offert Eleanor Roosevelt en 1923, l’épouse du 32ème président des Etats-Unis Franklin Roosevelt, dont le fils Quentin a été tué à Chamery, hameau de Coulonges-Cohan, non loin de Château-Thierry.
Mais si nos amis alliés américains et anglais ont contribué à la libération de notre pays, tout comme le 21 juillet 1918, pour notre ville, postés au pont du CSA. Néanmoins, ce sont les Généraux Montdésir et Marchand, les troupes françaises et les Tirailleurs sénégalais, qui ont libéré Château-Thierry.
C’est aussi au peuple américain que nous devons cette Maison offerte à notre ville par les époux Wadsworth, docteurs et membres de l’église méthodiste. Dès le lendemain de la guerre, l’hôtel de l’éléphant devient un lieu de vie pour réparer et panser les blessures. Le 31 décembre 1930, il est légué à la ville pour le franc symbolique. La Maison de l’Amitié France-Amérique est née ! C’est la seule maison de ce type qui existe au monde : symbole de l’amitié et de la reconnaissance mutuelle entre le Sud de l’Aisne et les États-Unis, la MAFA est un lieu de souvenir, mais elle est bien plus que ça.
Depuis sa rénovation, elle abrite la Maison du Tourisme « Les Portes de la Champagne », des lieux culturels et d’échanges tout en proposant des expositions, dont l’exposition permanente dédiée à Quentin Roosevelt.
Après la guerre, les autorités américaines décident aussi la construction d’un grand monument commémoratif. Le site choisi est la cote 204.
Deux statues colossales, la France et l’Amérique main dans la main… et cette inscription qui fait écho ce matin :
« LE TEMPS NE TERNIRA PAS LA GLOIRE DE LEURS EXPLOITS ».
Sous la terre, le centre d’interprétation de la côte 204 sera prochainement inauguré. Je veux saluer l’engagement des surintendants, votre prédécesseur M. Athinson, mais aussi M. Williams, pour leur détermination dans ce nouvel investissement de lieu de mémoire.
Le centenaire de la Grande Guerre nous fait prendre conscience que la fin d’un monde – parce que la grande guerre est bien la fin d’un monde – est aussi le prélude à un nouveau.
Ce qui était tragédie devient renaissance, le désespoir se transforme en solidarité, les drames individuels se mêlent à l’histoire collective et c’est ensemble, main dans la main que nous honorons ces jeunes soldats valeureux, arrachés à leurs familles, déracinés de leur pays. Sans oublier nos poilus et les forces africaines. Et pour faire vivre cette reconnaissance, nous avons besoin de citoyens engagés, d’enseignants actifs et d’élus motivés, c’est le cas ici.
Mais nous savons que nous pouvons compter sur l’Etat M. le Préfet, M. le sous Préfet. Il n’existe pas de Ministère aux Anciens combattants, certains nous l’ont assez reproché. Mais pour autant, vous me l’avez dit avec conviction : « l’important c’est de s’occuper des anciens combattants ». C’est ce que vous faites avec force et humilité. Votre présence à nos côtés, Madame en témoigne largement et le budget 2018 plus encore. Dans un contexte budgétaire tendu, de nombreux dispositifs au profit des anciens combattants ont été revalorisés au cours de ces derniers mois et seront maintenus et financés en 2018.
Oui, nous avons besoin de cet engagement fort de la part de l’Etat en faveur des anciens combattants car il relève aussi de la reconnaissance de la nation et d’un cap pour notre avenir.
Et pour que vive toujours la liberté, il ne faut jamais l’oublier, il faut nous appuyer sur les valeurs portées par vous messieurs les anciens combattants, sans oublier les veuves et dames d’entraide.
Vous avez en vous, la notion du sacré.
Les mots sacré, sacrifice, sacerdoce, viennent bien sûr de la même racine latine : sacer, qui a un rapport au divin, qui doit inspirer un respect absolu. Votre détermination à refuser la fatalité, votre engagement total à défendre notre pays face à l’oppression inspire ce respect absolu. C’est le sens du patriotisme. Sacrifier sa vie pour son pays, arborer le bleu-blanc-rouge de notre patrie mort ou vivant. Le dévouement, le courage, la fierté et l’amour de notre pays sont autant de valeurs à inculquer à notre jeunesse pour les amener à devenir des hommes et des femmes responsables et solidaires.
C’est tout le sens du nouveau service national voulu par le Président de la République.
Le devoir de mémoire passe aussi, alors, par la transmission de l’émotion : les lettres des poilus, les livres écrits, comme par exemple, « Ceux de 14 » de Maurice Genevois ou « la voyageuse du centenaire » de Pierre Commeine et Joël Levêque, paru le 10 février et traduit par Cordellia Roosevelt, participent aussi au devoir de mémoire par un angle moins académique et plus intime mais tout aussi fort pour marquer les jeunes esprits au refus de la résignation et de l’indifférence.
Enfin, pour que vivre la Liberté, il nous appartient à nous tous, de promouvoir la paix et la fraternité dans les esprits et les cœurs. Il nous appartient de nous lever et de secouer l’indifférence ou la résignation. Ce sont les valeurs que vous portez Messieurs les anciens combattants.
L’ambition de paix pour tous les peuples doit demeurer notre exigence première. Il est essentiel pour cela de renforcer l’action de l’Europe et des instances internationales pour lutter contre les volontés d’hégémonie et le terrorisme.
C’était le sens de mon invitation, Madame la Ministre, à l’événement organisé le 24 mars prochain à Baulne en Brie par l’association des porte-drapeaux de Château-Thierry qui commémore cette année le 40è anniversaire de l’engagement de la France dans la Finul, la Force intérimaire des Nations Unies au Liban. Ces « jeunes anciens combattants » si je peux me permettre cet oxymore ! vont témoigner de ce qu’est le maintien de la paix aujourd’hui. Chez nous, c’était il y a 100 ou 70 ans mais dans de nombreux pays c’est en ce moment que ça se passe, je pense au Mali avec le G5 du Sahel.
Alors pensons à nos militaires qui sacrifient leur vie pour faire échouer le radicalisme et les idées de haine. C’est un combat pour la vie et pour la liberté qu’ils mènent avec nos gendarmes et nos policiers pour nous, pour la République, ne l’oublions pas.
La Francophonie, avec ses fondements culturels de respect et de diversité, par ses valeurs de fraternité et son rayonnement international porte cette ambition essentielle pour les générations actuelles et à venir au service de la paix, de la coopération et de la solidarité. Notre langue n’est-elle pas la langue de la paix, utilisée aux nations unies ? Mais aussi dans les rangs des casques bleues. Et puis notre langue c’est la langue des droits de l’Homme ?
La Francophonie est un tremplin vers une humanité solidaire, fraternelle et LIBRE. C’est vers quoi nous devons tendre. Voilà le bel hommage que nous devons à tous ces héros anonymes et le plus bel avenir que nous pourrions offrir aux générations à venir.
Madame la Ministre, je vous remercie de votre présence qui pour nous, exprime la volonté de réconciliation, un engagement fort, qui est porté par l’état d’esprit de notre Président de la République. Mais aussi par vous Madame la Ministre, cette réconciliation, sans compromission mais avec la recherche de véritables compromis est le seul moyen pour aboutir à la paix entre tous les pays. Grâce à votre action, la France est ainsi de retour au niveau international et nous en sommes fiers. Notre fierté est d’autant plus forte que l’engagement que vous portez chaque jour est un engagement de fraternité et de paix pour le monde entier. Merci à vous. Vive la paix et l’amitié entre les peuples.