Des bleuets et des coquelicots pour la mémoire

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J’ai tenu à remercier les jardiniers de notre ville d’avoir contribué à la mémoire, en semant, ici aussi, à Château-Thierry, des coquelicots et des bleuets, au giratoire Pierre et Marie Curie.

Ces bleuets, nous les dédions à nos 200 jeunes Castelthéodoriciens de 19 ans, morts pour la paix, et plus largement à tous les combattants de la Première Guerre Mondiale.

Ces coquelicots, c’est notre hommage à Quentin Roosevelt et, avec lui, aux jeunes soldats alliés venus sacrifier leur vie pour l’Europe. Pour nous, ce rond-point marque la paix, la fraternité, à un moment où des bruits de bottes se font entendre partout dans le monde, où nous assistons à l’embrasement du Proche-Orient. Refusons la fatalité de la folie humaine, qu’elle soit guerrière ou environnementale : la ruche présente sur le rond-point, c’est aussi un symbole, celui de la fragilité de notre environnement, certes, mais aussi celui de notre idée du vivre ensemble. Alors, brandissons tous ensemble les bleuets et les coquelicots de la paix, de l’amour entre les peuples.

C’est aussi cette volonté de paix, comme de fraternité, que doit porter le 14 juillet, jour de la République.

Aujourd’hui, en ce 14 juillet, plus que jamais « la fraternité internationale », retrouvée, est mise à l’honneur. Sur les Champs Elysées ont défilé des représentants d’à peu près 80 pays : pays alliés de la France, pays appartenant alors aux colonies françaises et pays adverses. Quel beau message universel de paix et d’amitié entre les peuples !

Le discours du 14 juillet 2014

Madame  la sous-préfète,

Monsieur le Président du Comité d’Entente, Cher Michel,

Madame la Présidente de la Légion d’Honneur, chère Danièle,

Monsieur le Président des Médaillés Militaires, cher Jean-Paul,

Monsieur le président de la section locale de l’ordre national du mérite, cher Robert,

Messieurs les Présidents des associations d’Anciens Combattants,

Mesdames, Messieurs, les Porte-drapeaux,

Monsieur le Commandant de la Compagnie de Gendarmerie et les gendarmes,

Monsieur le Commandant du Commissariat et les policiers,

Monsieur le Capitaine des Sapeurs-pompiers et les pompiers, professionnels, volontaires et jeunes sapeurs-pompiers,

Monsieur le Président de l’Union Musicale,

Mesdames, Messieurs les élus en vos diverses qualités,

Mesdames, Messieurs, Chers Citoyens, Chères Citoyennes,

Tout d’abord, je tiens à remercier les enfants et les animateurs du centre de loisirs « les Gamins d’abord » pour leur implication dans cette cérémonie du 14 juillet. Nous devons inciter la jeunesse au travail de mémoire. Merci à vous.

Nous nous retrouvons aujourd’hui pour célébrer notre fête nationale. Les festivités ont commencé hier soir avec des animations, un concert des plus entraînants, organisé dans le cadre du Festival Musique en Omois, qui rassemble nos communes rurales et notre ville, dans une même dynamique. Cette dynamique, c’est de l’attractivité pour nos territoires et du mieux vivre ensemble.

Et bien, malgré la météo capricieuse, la place de l’Hôtel de Ville était bien garnie, surtout pour le feu d’artifice. Oui, malgré le ciel gris, il y avait plein d’étoiles et de lumière dans nos têtes. Maintenons cet esprit de fête et de joie, c’est l’esprit du 14 juillet.

Le 14 juillet, c’est bien sûr la naissance de la nation. Ce jour a été décrété, en 1880, en mémoire de deux dates symboliques : le 14 juillet 1789, le passage de la monarchie à la République et le 14 juillet 1790, le symbole de l’union fraternelle de l’ensemble des citoyens français dans la liberté et l’égalité.

Le 14 juillet  n’est pas seulement un rassemblement festif, c’est avant tout un devoir de rappel collectif d’un jour historique pour la nation dans laquelle nous vivons. C’est un moment pour réaffirmer les valeurs qui forment le socle de notre République, cette devise visible sur tous les frontons de nos édifices : Liberté, Egalité, Fraternité.

Le 14 juillet, c’est un moment pour rappeler que l’Homme est passé de la condition de sujet, qu’il était avec la royauté, à l’état de citoyen, avec la République. Et ce changement, ce n’est pas que de la sémantique ou du vocabulaire, mais c’est un changement total : l’Homme n’est plus asservi aux seigneurs ou au monarque, il devient un citoyen libre. Cette liberté doit le conduire vers son émancipation, en devenant aussi responsable de lui-même. Se battre contre l’oppression, contre les jougs de la tyrannie, c’est indispensable. Mais, assumer sa responsabilité individuelle, dans une volonté collective, ça l’est tout autant.

Parce qu’agir en citoyens, c’est aussi agir ensemble, avec le peuple et pour le peuple.

En ce jour de fête nationale, il nous appartient de faire un état des lieux de notre pacte républicain, cadre d’exercice de la citoyenneté. Malheureusement, il semble qu’il s’effrite de toute part, alors même que nous avons le devoir de le transmettre tel que nous l’avons reçu, voire même de le consolider.

La montée du chômage, de l’injustice et des inégalités, les régressions sociales, la déchirure culturelle et l’ascension des communautarismes, l’affaiblissement des valeurs universelles et de l’éthique des Lumières, l’invasion de l’argent dans toutes les sphères de la société, la décomposition de la politique en spectacle médiatique, rendent indispensables le ressourcement de la République à ses fondamentaux.

Oui, le temps est venu de restaurer la République garantissant à tous les citoyens, la liberté, l’égalité des droits et des devoirs, la dignité et la justice sociale, aujourd’hui trop souvent malmenées.

Les Français traversent une crise de défiance envers leurs dirigeants politiques ; les affaires ont accentué cet écart entre la population et les élites. Incompétence, impuissance, immoralité et « non représentativité », tels sont les mots qui reviennent pour qualifier cette fracture entre gouvernants et gouvernés.

Une fracture civique en résulte nécessairement. Preuve en est du séisme occasionné par les résultats des Européennes ou encore ceux des Municipales. Mais nous devons refuser l’abattement et nous inciter au courage. Nos habitants ont manifesté leur colère de ce qu’ils vivent depuis trop longtemps. À l’heure où les politiques sont déconsidérés, il nous appartient de mettre à bas les combinaisons et les tactiques partisanes qui paralysent toute action utile à l’intérêt général. Nous, élus, avons le devoir d’écouter nos concitoyens, de leur expliquer nos politiques et de les associer aux décisions. Nous avons aussi et avant tout un devoir d’exemplarité et d’éthique.

Au-delà de la crise politique, nous sommes face à une crise de la citoyenneté : l’égoïsme, le repli sur soi dominent. Rien à faire des autres, je pense à moi, je critique, je suis exigeant avec les autres, mas plus avec moi-même !

Nous demandons le respect de nos droits et nous voulons en conquérir d’autres, et nous avons raison. Mais, n’oublions pas que nous avons aussi des devoirs.

“Avant de te demander ce que fait la société pour toi, pose-toi la question de ce que tu fais pour la société”: voilà aussi ce qu’il nous faut prendre en compte. N’attendons pas tout des autres, même s’il faut faire preuve de solidarité, pour ne laisser personne au bord de la route. Il faut que chacun participe à l’action collective.

Aujourd’hui, les Français se désinvestissent, se dépossèdent de leur droit de vote. Les taux de l’abstention frôlent des records, mettant notre démocratie et nos valeurs fondamentales en péril. Aussi la question du vote obligatoire doit-elle être posée, comme en Belgique. En échange de garanties, de prestations assurées par l’Etat, l’accomplissement du devoir électoral devient un postulat indispensable. L’électeur doit devenir un engagé participatif et non simplement un engagé critique. Derrière ce laxisme civique, la menace est trop grande de voir un jour arriver au pouvoir le  parti de la discorde nationale, de la désunion. Ses leaders sont habiles pour faire croire qu’ils sont capables de tout, en toute circonstance.

Je me refuse, comme le font certains, à banaliser ce parti. Oui, cette montée de l’extrémisme doit être un tocsin sonné à toute volée, qui appelle patriotes et démocrates à se dresser contre l’intolérance, le refus de l’autre et la stigmatisation.  Il est primordial que tous les partis républicains se ressaisissent pour faire front contre l’extrême-droite, contre le populisme, contre le nationalisme, qui n’est en fait que la peur de l’autre et une volonté de repli sur soi,  tous deux  allant à l’encontre de notre histoire, de notre humanité. Il est impérieux de se rassembler, partis de gauche, de droite, et de travailler ensemble à l’intérêt de la France.

L’exclusion et l’isolement ne peuvent en aucun cas être une réponse à la grave crise économique que nous traversons.Tenter de désagréger notre société, d’opposer nos compatriotes les uns aux autres ne peut constituer une solution au chômage et à la précarité. Cela ne ferait qu’aggraver les tensions, distendre un tissu social bien fragilisé.

Face à la montée des extrêmes, des haines, face aux intolérances, à l’antisémitisme, au racisme, privilégions, renforçons le projet du vivre ensemble en fraternité.

Les valeurs de la République doivent être sans cesse rappelées pour qu’aucune remise en cause ne soit envisageable, en dépit de l’individualisme croissant ou de la tentation communautariste. Il nous appartient collectivement de concilier unité et diversité, réussite individuelle et réussite collective.

Par ailleurs, nous devons viser vers une économie solidaire et sociale, respectueuse des valeurs de solidarité, de démocratie et de justice sociale, faire cohabiter la performance économique avec l’utilité sociale et le développement durable.

C’est pourquoi il nous appartient de nous battre pour nos agriculteurs dans la bataille du traité transatlantique. Ce traité vise à l’abaissement des droits de douane et à l’harmonisation des normes environnementales et sanitaires entre les Etats-Unis et l’Europe. Dans cette vaste zone de libre-échange des produits agroalimentaires, le développement durable doit être notre priorité. C’est pourquoi les préférences européennes doivent pouvoir être invoquées. De plus, il nous faut lutter pour la préservation de notre environnement. Le traité remet en cause la lutte contre l’exploration du gaz et huile de schiste. Nous ne pouvons laisser faire !

La justice sociale nous impose également d’être intransigeants face aux délocalisations d’entreprises viables. Je prendrai l’exemple de  GEA Farm Technologies à Château-Thierry : 80 emplois sont menacés par le transfert de la production aux Pays Bas et demain peut-être en Chine, alors même que les compétences développées localement sont performantes. C’est pour cette raison que j’ai interpellé récemment le ministre de l’économie et du redressement productif.

Il y a quelque chose de profondément inique à voir des entreprises très rentables quitter le territoire en mettant au chômage leurs salariés, pour revenir y vendre la production qu’elles ont transférée dans une filiale.

La financiarisation de l’économie voit sa logique se généraliser pour être à l’œuvre dans toutes les entités productives de notre société. Il est inadmissible de constater cette forme de chantage au déménagement qu’exercent nombre d’entreprises sur le terrain.

Au contraire, certaines entreprises, en difficulté de surcroît, n’hésitent pas à poser carte sur table avec les élus pour qu’une solution soit trouvée dans l’intérêt de tous, salariés, patronat et interlocuteurs locaux. La société Voelner en est un bon exemple. Comment admettre deux attitudes opposées face à deux situations analogues : d’une part, une démarche constructive dans l’intérêt du territoire et de ses habitants, et de l’autre, le mépris total des salariés.

Ces deux situations prouvent qu’il est nécessaire d’alléger les charges des entreprises pour qu’elles retrouvent de la compétitivité et ainsi leur permettre d’embaucher.Mais à l’inverse du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), il faut que ce soutien soit réservé en priorité aux artisans, commerçants, PME, TPE, agriculteurs etc… Ce sont ces entreprises qui créent de l’emploi local et non-délocalisable. Alors que les entreprises multinationales en détruisent et, par effet d’aubaine, profitent des aides pour maximiser la rémunération de leurs actionnaires. Pour que la croissance reparte, il faut également soutenir le pouvoir d’achat des salariés, des retraités et des classes moyennes. Par ailleurs, il semble impérieux de simplifier les normes dans la vie de l’entreprise. Ce sont autant de mesures pour réduire notre dette que pour restaurer notre compétitivité, rétablir la croissance et l’emploi en somme.

Oui, nous avons besoin de rétablir notre compétitivité et de dynamiser notre économie si l’on veut sortir du marasme. Le redimensionnement des régions, dans le cadre du projet de la réforme territoriale, pourrait être une solution et apporter plus de cohérence avec les dynamiques économiques européennes et mondiales.

Le rapprochement de la Picardie avec la Champagne-Ardenne permettrait, sans nul doute,  de confirmer et de renforcer le travail déjà mis en œuvre entre les deux régions :

–      Sur le plan économique, les pôles de compétitivité « industries et agro-ressources », « textiles innovants », « systèmes de transports », déjà mis en place, doivent être renforcés car ce sont de formidables moteurs de croissance et d’emploi;

–      Sur le plan éducatif,  le rapprochement des universités d’Amiens et de Reims a le mérite d’offrir un large panel de formations à nos jeunes;

–      Au niveau de la santé, une collaboration plus étroite entre les CHU de Reims et les hôpitaux axonais permettrait une meilleure offre de soin pour les habitants ;

–      L’AOC Champagne, qui se retrouverait dès lors sous une seule et même entité régionale,  serait un atout supplémentaire pour nos viticulteurs et pour le développement touristique et économique de notre région, en cohérence avec le classement des paysages de Champagne au patrimoine mondial de l’UNESCO.

C’est pour cette raison que je souscris pleinement à la réforme territoriale envisagée par le Président de la République. La simplification s’impose pour plus de proximité, de circuits courts, d’économie circulaire. Le projet de réforme territoriale porte en lui les modalités d’un changement majeur dans l’aménagement de notre territoire.

Les Français ont le sentiment que la société française porte de moins en moins la valeur d’égalité alors même qu’ils voudraient au contraire que des efforts soient fournis pour la promouvoir, cette valeur étant constitutive de notre pacte républicain. Ainsi, en matière d’éducation, l’ascenseur social est en panne.

Il nous faut accomplir la promesse de l’école républicaine où doit prévaloir l’égalité des chances. Cela suppose de réduire les inégalités et de favoriser la réussite de tous. La jeunesse et l’éducation doivent être les priorités de la nation. Quel bel exemple de la méritocratie que le parcours de Myriam Bourhail, citoyenne de Villers-Cotterêts, reconnue officiellement meilleure bachelière de France de l’année par le ministère de l’Education nationale ! Elle nous prouve que « la diversité est une formidable richesse» pour notre République.

Je ne peux conclure sans parler du centenaire de la Grande Guerre. Recueillement, hommage, moment de rassemblement et de cohésion sociale, autant de mots qui nous viennent à l’esprit à l’évocation de ce centenaire. La société française toute entière s’est emparée du souvenir de la Grande Guerre. Et un peu partout en France, nos campagnes se sont colorées en rouge et bleu aux couleurs des coquelicots et des bleuets, des fleurs symbolisant la renaissance, l’espoir, le souvenir de tous ces hommes, nos alliés, nos soldats, tombés au nom de la France, au nom des valeurs républicaines. Le bleuet qui rend hommage à nos Poilus, ceux de la classe 1915, ayant délaissé le pantalon rouge trop voyant pour adopter l’uniforme bleu. Le coquelicot qui nous rappelle nos alliés, venus se battre pour libérer la vieille Europe et nous rendre paix et liberté.

Merci aux jardiniers de notre ville d’avoir contribué à la mémoire, en semant, ici aussi, à Château-Thierry, des coquelicots et des bleuets, au giratoire Pierre et Marie Curie.

Ces bleuets, nous les dédions à nos 200 jeunes Castelthéodoriciens de 19 ans, morts pour la paix, et plus largement à tous les combattants de la Première Guerre Mondiale.

Ces coquelicots, c’est notre hommage à Quentin Roosevelt et, avec lui, aux jeunes soldats alliés venus sacrifier leur vie pour l’Europe. Pour nous, ce rond-point marque la paix, la fraternité, à un moment où des bruits de bottes se font entendre partout dans le monde, où nous assistons à l’embrasement du Proche-Orient. Refusons la fatalité de la folie humaine, qu’elle soit guerrière ou environnementale : la ruche présente sur le rond-point, c’est aussi un symbole, celui de la fragilité de notre environnement, certes, mais aussi celui de notre idée du vivre ensemble. Alors, brandissons tous ensemble les bleuets et les coquelicots de la paix, de l’amour entre les peuples.

C’est aussi cette volonté de paix, comme de fraternité, que doit porter le 14 juillet, jour de la République.

Aujourd’hui, en ce 14 juillet, plus que jamais « la fraternité internationale », retrouvée, est mise à l’honneur. Sur les Champs Elysées ont défilé des représentants d’à peu près 80 pays : pays alliés de la France, pays appartenant alors aux colonies françaises et pays adverses. Quel beau message universel de paix et d’amitié entre les peuples !

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Chers Citoyens, Chères Citoyennes,

Je vous souhaite  un beau 14 juillet 2014, et des vacances ensoleillées, solidaires et fraternelles !

Vive Château-Thierry, vive la République, vive la France !