Jardins de la mémoire et monument des Crapouillots à Laffaux

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Ce samedi 14 juin s’est déroulée l’inauguration des jardins de la mémoire et du monument des Crapouillots, nom donnés aux combattants des tranchées. Cette date du 14 juin représente l’anniversaire des combats du Moulin de Laffaux.

N’oublions jamais ces vies qu’ils ont données pour la France et pour chacun d’entre nous. Oui, au-delà de tout ce qui peut ne pas bien se passer, le chômage, la pauvreté qu’il nous faut combattre. Apprécions cette liberté comme le bien le plus précieux qui manquent tant à d’autres Hommes !

Chaque matin quand le soleil se lève pour nous et que nous pouvons aller et venir où bon nous semble c’est grâce à vous. Et le sens de ces commémorations c’est de vous en remercier encore et encore.

Aussi cette inauguration du jardin de mémoire est l’occasion de nous rappeler que c’est le bonheur de tous qui doit germer du sang versé par les 12 000 Crapouillots artilleurs de tranchée tombés sur les fronts de France et d’Orient.

Retrouvez ci-après le discours que j’ai prononcé à cette occasion :

DISCOURS INAUGURATION DES JARDINS DE LA MÉMOIRE ET DU MONUMENT DES CRAPOUILLOTS A LAFFAUX

SAMEDI 14 JUIN 2014

 

Monsieur le Sous-Préfet,

Monsieur le Président du Conseil Général,

Monsieur le Maire,

Mesdames, Messieurs les élus,

Mesdames, Messieurs les Présidents des Associations Patriotiques,

Mesdames, Messieurs les Porte-Drapeaux,

Mesdames et Messieurs, mes chers amis,

Nous nous retrouvons aujourd’hui regroupés aux pieds d’un monument portant sur sa parure de pierre une inscription tragique, en lettres majuscules : « Aux morts de l’artillerie de tranchée «  Les Crapouillots » ». Nous sommes là pour rendre hommage à tous ces jeunes gens morts pour la France, même quand elle n’était pas leur patrie.

Chaque année, ici même, au mois de septembre, une émouvante cérémonie a lieu qui rassemble de nombreuses amicales et plusieurs dizaines de drapeaux d’associations de la Fédération des Associations des anciens combattants pour célébrer l’anniversaire des combats du Moulin de Laffaux.

C’est dire que la manifestation d’aujourd’hui pourrait nous être familière, car à travers toutes celles auxquelles nous avons déjà participé dans le cadre du Centenaire de la 1ère Guerre Mondiale, nous avons toujours compris combien nous devons à ceux qui moururent pour que nous vivions. Surtout ici dans notre Département de l’Aisne qui a vu sa terre abreuvée du sang de ses nombreux enfants.

C’est pourquoi nous devons vouer à la mémoire de nos héros un attachement fidèle, profond et indéfectible.

Du séjour des braves où ils jouissent d’une gloire à laquelle nous ne saurions prétendre et d’une paix éternelle, nos morts sont là qui observent les marques de notre reconnaissance.

Ainsi, on ne peut que regretter que leur félicité soit si souvent « meurtrie » par le fléchissement dans la pratique des vertus, des valeurs et des principes  dont ils nous donnèrent un si bel exemple en sacrifiant leurs vies.

Je suis certain que là où ils sont, c’est avec joie qu’ils acceptent nos couronnes de fleurs, nos chants et nos hymnes. Je suis également certain qu’ils voudraient bien nous voir faire preuve du même courage que celui qu’ils eurent et qu’en ce jour, devant eux, nous puissions prendre l’engagement et la résolution de les imiter dans leur esprit de sacrifice, pour affronter toutes les difficultés du temps présent.

En effet, je sais que nos morts éprouvent de la tristesse à voir nos résignations, nos abdications devant ce que nous prenons trop facilement pour de la fatalité. Toutes les difficultés que nous traversons devraient nous appeler à faire corps, à nous rassembler pour les surmonter et leur trouver le remède qui est à notre portée si nous le voulons vraiment.

Et quelle meilleure image pour illustrer mon propos que celle de la foudre qui s’est abattue sur ce monument dans la nuit du 07 juin 2007 ? Il n’est venu à l’idée de personne de renoncer et de lui laisser subir les assauts du temps pour le voir s’effondrer. Après de nombreuses expertises, des travaux d’aménagement du sol ont été entrepris. Ce monument de 13 mètres de haut et de 193 tonnes de pierres a été démonté pour être restauré par l’entreprise MASCITTI que je tiens à féliciter pour la qualité remarquable de son travail. Après de longues tractations, Le Souvenir Français qui est le propriétaire du Monument et la DREAL ont trouvé, si je puis dire,  un terrain d’entente pour que l’édifice soit réimplanté dans le « jardin mémoire », à quelques dizaines de mètres de distance de l’endroit où il était à l’origine. Je les félicite de leur initiative.

En 2008, notre pays a également été frappé par la foudre qui, venue du monde dérégulé de la finance, a ébranlé tous les fondements de notre société. Elle a produit la plus grave crise que nous ayons eu à connaître depuis celle de 1929 puisqu’elle s’est généralisée pour devenir, économique, sociale, sociétale et politique. Pour autant, faut-il se résigner ? Faut-il renoncer ?

Nos glorieux aînés nous écoutent et nous regardent en ce moment même et je suis certain qu’ils nous ordonneraient de nous battre, de passer à l’offensive, sans faire de quartiers, au nom de ce que nous avons de plus sacré et qui a fait notre histoire : la Liberté, l’Égalité, la Fraternité, la Solidarité et la Justice.

Eux ont obtenu la victoire en la payant du tribu le plus cher : leur sang. Bien sûr, et au moment où l’on entend des bruits de bottes en Ukraine, en Syrie, en Irak, au Mali, en Centrafrique, à la frontière de la République Démocratique du Congo et du Rwanda ; il faut détester la guerre de toute notre âme. Pourtant, nous devons aimer ceux qui l’on faite.

Ils voient tout, ceux qui entre 1914 et 1918 acceptèrent dans un esprit d’héroïsme, la souffrance et la mort sans fixer de salaire.

Ils voient notre monde perverti, où le dieu argent commande en maître. Ils voient les cœurs passionnés par le désir du gain, au point de ne plus savoir où commence et où finit l’honnêteté. Ils connaissent l’immense foule de ceux qui désormais ne sont capables d’accomplir un acte que dans la mesure du bénéfice espéré.

Ceux qui allèrent à la tombe en unissant leur douleur et leur sang pour la victoire et la gloire d’une France plus belle.

Ils savent reconnaître les tièdes et les indifférents qui renoncent au moindre effort et refusent tout concours pour poursuivre ou sauvegarder l’œuvre qu’ils entreprirent en mourant pour nous.

Alors oui ! Nous devrions nous interroger sur la recrudescence des scandales, sur les passions et les vices que produit la cupidité quand elle est érigée en canon d’une société individualiste et égoïste. Comme l’a écrit Guy Debord, c’est une société du spectacle qui a succédé à celle de l’héroïsme.

Nous devrions également nous interroger sur le retour des discours de haine, d’intolérance, sur la tenue publique et sans scrupules de propos racistes, xénophobes ou antisémites. Ils véhiculent tout le contraire de ce pourquoi nos aînés se sont battus. Ils propagent l’idée du repli sur soi alors qu’eux représentent la générosité. Ils stigmatisent la différence quand eux représentent la fraternité.

N’oublions jamais ces vies qu’ils ont données pour la France et pour chacun d’entre nous. Oui, au-delà de tout ce qui peut ne pas bien se passer, le chômage, la pauvreté qu’il nous faut combattre. Apprécions cette liberté comme le bien le plus précieux qui manquent tant à d’autres Hommes !

Chaque matin quand le soleil se lève pour nous et que nous pouvons aller et venir où bon nous semble c’est grâce à vous. Et le sens de ces commémorations c’est de vous en remercier encore et encore.

Aussi cette inauguration du jardin de mémoire est l’occasion de nous rappeler que c’est le bonheur de tous qui doit germer du sang versé par les 12 000 Crapouillots artilleurs de tranchée tombés sur les fronts de France et d’Orient.

Merci à Eux.

Mobilisons-nous tous pour que leurs sacrifices ne soient pas oubliés !

Mobilisons-nous pour la Paix et la Fraternité !

Vive la République, vive la France !

Merci à vous !