Avenir de l’hôpital de Château-Thierry : Jacques Krabal questionne Marisol Touraine

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Mme la présidente. Pour le groupe radical, républicain, démocrate et progressiste, la parole est à M. Jacques Krabal.

M. Jacques Krabal. Madame la ministre, je vous interpelle depuis plusieurs mois sur le cas du centre hospitalier de Château-Thierry. Comme je n’ai cessé de le clamer, et avec moi l’ensemble des élus et personnels soignants de l’établissement, le projet régional de santé mis en œuvre aujourd’hui casse notre hôpital.

Les finances sont de plus en plus tendues. L’endettement cumulé s’élève à 9 millions d’euros du fait des investissements qui ont été supportés par l’hôpital, notamment pour financer l’informatisation et le standard téléphonique. En outre, le projet de réhabilitation de 3 millions d’euros commandé par l’ancienne agence régionale de l’hospitalisation n’a jamais vu le jour, pas plus que les promesses du plan Hôpital 2012 ou la modernisation promise par l’ancien directeur de l’agence régionale de santé, pour laquelle nous devions recevoir une subvention de 5 millions d’euros.

Malgré une activité médicale soutenue, les recettes baissent, notamment parce que le centre hospitalier ne bénéficie pas du même traitement financier que d’autres hôpitaux de la même communauté hospitalière. Par ailleurs, du fait de la fermeture de la permanence de soins, il n’est plus possible d’obtenir un avis médical spécialisé à tout moment.

Ces deux derniers week-ends, les centres hospitaliers voisins ont refusé de prendre en charge six cas qui relevaient pourtant de l’urgence ; je peux vous transmettre la liste de ces incidents, madame la ministre. Notre établissement s’est donc trouvé dans l’obligation d’assumer le transfert des patients, compromettant ainsi leur sécurité, mais également sa crédibilité et son équilibre financier.

Par conséquent, mes questions traduisent des revendications légitimes. Nous demandons le maintien des permanences de soins, y compris en orthopédie-traumatologie, jusqu’à une heure avancée de la nuit, les week-ends et les jours fériés ; le maintien de notre plateau technique, y compris en réanimation adulte et en néonatologie ; l’étude de notre rattachement au projet régional de santé de Champagne-Ardenne et à la communauté hospitalière de territoire rassemblée autour du CHU de Reims, Château-Thierry étant situé aux franges de la Marne ; le réaménagement de la loi HPST pour donner effectivement la parole aux soignants et aux élus.

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Marisol Touraine, ministre. Monsieur le député, l’avenir de l’hôpital public est une préoccupation importante à mes yeux, car notre système de santé doit pouvoir s’appuyer sur un hôpital public fort.

Je suis avec attention la situation du centre hospitalier de Château-Thierry et vous le savez parfaitement : mon cabinet vous a reçu à trois reprises pour l’évoquer en détail en présence du directeur général de l’agence régionale de santé.

Comme cela vous a été indiqué à l’occasion de ces rencontres et comme je vous l’ai écrit, l’hôpital de Château-Thierry a pleinement sa place sur son territoire de santé, et celle-ci n’est nullement menacée.

S’agissant des coopérations entre les établissements rémois et l’hôpital de Château-Thierry, le projet régional de santé de Picardie prévoit bien qu’elles puissent se poursuivre. Mais pour que la relation avec Reims soit fructueuse, il est important que l’hôpital de Château-Thierry occupe pleinement sa place au sein du territoire Aisne Sud dans le cadre de la communauté hospitalière de territoire qui le lie aux établissements de Laon et de Soissons.

Enfin, il n’est plus possible aujourd’hui, dans le contexte budgétaire que nous connaissons – je vous le dis très directement – de faire abstraction de la situation financière d’un hôpital, que ce soit celui de Château-Thierry ou un autre établissement.

La situation financière de l’hôpital de Château-Thierry est effectivement devenue préoccupante. Les efforts de l’établissement doivent désormais aussi porter sur le redressement financier et sur la gestion. L’agence régionale de santé a fait des propositions d’appui afin d’accompagner l’établissement dans ce sens. Le travail est engagé entre l’agence et la direction de l’établissement de façon positive et je m’en réjouis. C’est grâce à cette collaboration équilibrée que les établissements de Château-Thierry, Laon et Soissons renforceront leur efficience. Cette collaboration est également la clé d’une bonne organisation du système de soins afin que la population de l’Aisne ne soit pas obligée de se déplacer à Reims.