Justice climatique et aide au développement

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A l’occasion de l’audition de Mme Agnès Michelot et M. Jean Jouzel, rapporteurs au nom de la section de l’environnement du Conseil économique, social et environnemental, de l’avis « Justice climatique : les perspectives post COP21 », j’ai souhaité rappeler qu’en termes de coopération, nous devons faire le maximum. Si je ne nie pas les problèmes que nous vivons en ce moment, n’oublions pas que dans le monde, des millions de personnes sont encore privées de l’accès à l’eau potable.

L’intervention en vidéo :

Le compte-rendu :

M. Jacques Krabal. Si la justice climatique est aujourd’hui au centre de nos débats, c’est pourtant l’injustice qui demeure au niveau mondial puisque les inégalités ne cessent de s’accroître, surtout depuis 1980. Nous n’avons donc pas fini de débattre des inégalités sociales au travers de l’augmentation de la pauvreté dans le monde. Même si l’on parvient à limiter le réchauffement global à 2 °C, les inégalités entre les pays qui disposent de moyens et ceux qui n’en ont pas risquent encore de se creuser. Monsieur Jean Jouzel, vous avez rappelé avec force que les pays les plus vulnérables sont souvent les moins émetteurs de CO2 et que le changement climatique aura un impact plus grand sur les populations pauvres des pays les plus riches.

Si le dérèglement climatique a dès aujourd’hui pour conséquence, en France et dans le monde, la déforestation, l’acidification des océans et l’avancée des déserts, il ne faut pas oublier qu’il pourrait causer jusqu’à 100 millions de morts. Regardons la réalité en face plutôt que de verser des larmes de crocodile : chaque seconde, dans le monde, une personne déménage pour des raisons climatiques, ce qui représente 19,3 millions de réfugiés climatiques pour la seule année 2014 – chiffre à comparer aux 30 000 réfugiés syriens, irakiens, que la France a déjà du mal à accueillir. Bien sûr, la France doit être consciente de cet ordre de grandeur et œuvrer à la création d’un statut du réfugié climatique. Nous ne devons jamais cesser de rappeler cette réalité. Derrière l’enjeu écologique, il y a d’abord un enjeu humain. Militer pour une justice climatique, c’est d’abord prendre cela en considération.

Les actions de coopération qui ont été mises en place hier entre les pays du Nord et les pays du Sud sont vraiment insuffisantes. N’oublions pas ce qu’écrivait Jean de La Fontaine dans la fable « L’Âne et le Chien » : « Il se faut entr’aider, c’est la loi de Nature. » Cette morale devrait nous habiter. Certes, je ne nie en rien les difficultés de la France et de l’Europe, mais que sont-elles par rapport à tous ces engagements ? Quelles actions de coopération faudrait-il renforcer avec l’Afrique et tous ces pays du Sud ?

Comme l’a rappelé Michel Lesage, on ne peut pas oublier que des millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable, et le phénomène va encore s’accentuer avec le dérèglement climatique. Quelles propositions concrètes et précises faire lors de la COP22 à Marrakech pour que cette problématique de l’eau puisse être vraiment au cœur des débats ? Nous sommes à vingt-cinq jours de cette conférence. Comment concrétiser quelques-unes des nombreuses recommandations que vous faites ? Vous dites que la taxe carbone va monter en puissance jusqu’en 2020. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Lors de la COP21 à Paris, il avait été question de la mise en place d’un système d’alerte aux crues pour les pays situés en bordure des océans. Savez-vous si ce dispositif a pu être généralisé ?

Vous l’aurez compris, nous devons souscrire à vos recommandations en souhaitant qu’elles puissent se concrétiser.

Enfin, je veux saluer la qualité des rapports du CESE que nous devrions davantage prendre en compte.