Contrats d’avenir : Yamina Benguigui à Château-Thierry

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Yamina Benguigui, Ministre
de la francophonie et des français à l’étranger est venue en visite
officielle à Château-Thierry pour la signature des premiers
Contrats d’Avenir. Je vous propose la lecture du discours que j’ai
prononcé à cette occasion :

DISCOURS D’ACCUEIL POUR LA VISITE DE MADAME LE MINISTRE YAMINA BENGUIGUI LORS DE LA SIGNATURE DES PREMIERS EMPLOIS D’AVENIR
VENDREDI 07 DÉCEMBRE 2012

Je suis particulièrement heureux d’accueillir aujourd’hui, à Château-Thierry, Madame le Ministre de la Francophonie. En effet, vous êtes ici dans le sud de l’Aisne, sur une terre qui a vu naître des gens de lettres illustres qui, d’une certaine façon, sont parmi les meilleurs ambassadeurs de votre ministère : Jean de la Fontaine pour notre ville ; Jean Racine pour la Ferte-Milon ; Alexandre Dumas pour Villers-Cotterêts, là même où fut prise l’ordonnance de François Ier, en1539, Gauthier de Coincy, ou encore Camille et Paul Claudel pour Villeneuve-sur-Fère.
Si la francophonie est la communauté des pays et des personnes qui ont la langue française en partage, elle est aussi, à mes yeux, le creuset duquel doivent naître de nouveaux horizons pour notre pays. Présent sur tous les continents, le fait francophone doit être une opportunité pour redéfinir nos partenariats, accroître et approfondir nos échanges sur un mode de réciprocité et d’ouverture. La francophonie, c’est aussi une idée moderne, de partage, de diversité culturelle.
C’est l’état d’esprit et la volonté qui doivent nous habiter. Aussi, je vois en votre nomination à ce poste, Madame le Ministre, bien plus qu’un symbole. Comme vous l’avez porté à l’écran, je ne doute pas que vous contribuerez à « défricher » de nouvelles pistes et à briser, si nécessaire, les « plafonds de verre ».
Madame le Ministre, je vous souhaite donc la bienvenue dans les locaux communs à la Mission Locale et à la Maison de l’Emploi et de la Formation du Pays du Sud de l’Aisne. Le lieu est hautement symbolique, il incarne la volonté forte de refuser la fatalité et de lutter contre un chômage qui ne cesse de croître, avec 50 000 nouveaux demandeurs d’emploi dans les 18 derniers mois. Evoquer Focast, Baxi, Pomly.
Le gouvernement dont vous êtes l’un des membres, a installé, il y a 30 ans, les Missions Locales au centre du dispositif des emplois d’avenir, l’une des mesures phares du quinquennat du Président de la République. Ils sont mis en œuvre pour répondre à ce qui doit être notre priorité : redonner de l’espoir à notre jeunesse qui attend de nous de nouvelles perspectives à travers l’accès effectif à un emploi.
Cela dit, nous tous qui sommes présents ici savons l’ampleur des efforts à fournir pour redresser l’économie et l’emploi dans notre pays. Les jeunes, et notamment ceux qui sont les moins qualifiés payent, aujourd’hui, un trop lourd tribut à la crise. Leur taux de chômage, de 22 %, représente plus du double de la moyenne des actifs. Il dépasse même les 45 % pour les jeunes sans diplôme. Les conséquences nous interpellent car l’emploi est le facteur de loin le plus important de socialisation dans le monde actuel. En effet, c’est sur lui que se fondent la cohésion et la citoyenneté sociales.
Aussi, quand les jeunes représentent la catégorie qui éprouve le plus de difficultés d’insertion dans l’emploi, les risques de déstabilisation de notre société s’amplifient. Votre gouvernement a donc la lourde tâche d’inverser le cours de la réalité dont vous avez hérité : Seuls 60 % des jeunes parviennent à trouver un emploi dans les 3 ans qui suivent leur sortie de l’école et ils ne sont que 30% quand ils n’ont pas de diplôme.
Des efforts considérables doivent être entrepris dans notre système éducatif et de formation. Il nous faut surtout renforcer l’apprentissage, comme en Allemagne, par une mise en adéquation des formations proposées avec les nécessités liées à l’effort de modernisation de notre économie.
Chaque année, ils sont 120 000 à arriver sur le marché du travail sans qualifications. C’est là qu’est le grand enjeu de notre société qui ne peut gâcher ces potentiels d’innovation en sacrifiant autant de parcours de vie.
Il y avait donc urgence à agir pour permettre la réalisation de l’un des 60 engagements de campagne de François HOLLANDE. Tenir ses promesses, ce n’est pas vouloir faire plaisir, c’est répondre aux réalités de nos concitoyens.
Comme vous le savez, Madame le Ministre, le département de l’Aisne est l’un des plus pauvres de France et cumule donc beaucoup de handicaps liés à cette réalité, qu’il s’agisse du taux de chômage 14,4% (30% chez les hommes et 35% chez les femmes de 15 à 24 ans en 2009), du niveau de vie, du taux d’illettrisme détecté chez les jeunes lors des JAPD ou, ce qui est également d’actualité sur ce territoire du sud de l’Aisne, des indicateurs de santé.
Mais les Axonais sont des gens chaleureux, courageux, à la fois fiers et pudiques. S’ils n’attendent pas qu’on leur donne tout, ils entendent avoir autant que les autres et, donc, qu’on ne leur retire rien, dès lors qu’ils n’ont aucun privilège.
Les Emplois d’avenir vont donc bénéficier, en priorité, aux jeunes sans qualifications. Aussi, compte tenu des données que je viens d’énoncer, on peut se féliciter que le volet formation qualifiante ou en alternance soit inclus dans ce dispositif.
En effet, cela le rend d’autant plus cohérent qu’il va permettre à de nombreux jeunes de surmonter les handicaps qu’ils cumulaient dans leur prise de contact avec les employeurs, qu’il s’agisse de leur absence de diplôme, d’expérience en situation de travail, ou d’autres discriminations.
Notre département, à l’image de notre pays, a besoin de regagner l’espoir sans lequel il n’y a pas d’enthousiasme et donc pas de dynamisme pour se confronter au présent et pour affronter l’avenir.
Ici, sur le territoire du sud de l’Aisne, nous avons un fort besoin de construction de logements. On sait l’effet d’entrainement que le bâtiment a sur l’économie et donc sur l’emploi. On dit que quand le bâtiment va, tout va et l’on sait que les emplois qui y sont liés ne sont pas délocalisables. Je pense qu’une TVA ramenée à 5,5% serait une impulsion positive forte donnée à notre économie. Cette mesure pourrait être le « choc d’offre » positif devenu à la mode depuis peu.
Evoquer : FT, Duflot, BP investissement, Scellier, plan de relance, FFB, Florange, 2000 emplois supprimés.
Mais c’est d’emplois pérennes que nous avons surtout besoin et les acteurs privés sont incontournables dans ce domaine. Les collectivités territoriales sont souvent à cours de moyens. Elles contribuent pourtant pour beaucoup dans le maintien de l’activité et de l’emploi par leurs investissements sur le territoire de leur ressort. Cependant, elles ne sauraient se substituer à notre tissu d’entreprises, de commerçants, de TPE ou de PME, sur lequel doit porter l’essentiel de nos efforts. « Travaillez, prenez de la peine, c’est le fonds qui manque le moins. Le travail est un trésor », Livre V, Le laboureur et ses enfants.
L’État ne peut pas tout mais il peut beaucoup, à commencer par créer les conditions qui permettent à notre société de suivre le chemin qu’elle s’est fixée sur la base des valeurs républicaines de solidarité et de justice qui pointent derrière notre devise : Liberté, Égalité et Fraternité.
Je ne puis entendre ces trois mots sans être saisi d’émotion. Ils me renvoient systématiquement à la grandeur de notre pays et me rappellent aussi que nous ne nous sentons jamais autant désemparés que lorsque nous nous en éloignons.
Madame le Ministre, nous devons avoir de l’ambition, pas pour nous mais pour les gens. Nous devons donner une chance à notre jeunesse. Notre avenir passe par là.
Ici, à Château-Thierry, et dans le sud de l’Aisne, nous sommes heureux de signer ces emplois d’avenir dont nous espérons qu’ils seront les premiers d’une longue série.
Notre Mission Locale va se retrouver au 1er plan pour ce qui est de les prescrire et d’assurer le suivi des jeunes. Son président Jean-Paul CLERBOIS, sa directrice Laurence LOITS et toute l’équipe assure déjà avec compétence ce suivi global et c’est donc un nouvel outil qui va s’ajouter aux propositions qu’ils pourront offrir.
On peut également saluer le rôle que Pôle emploi et les organismes comme « Cap emploi » vont jouer dans l’accompagnement des personnes, notamment en situation de handicap.
L’ensemble des élus présents ici aujourd’hui, quelque soit leur couleur politique, est confronté à la même réalité quotidienne. Ils voient tous les jours des jeunes en situation de grande précarité venir frapper à leurs portes. Tous sauront, dans la mesure de leurs moyens, j’en suis certain, porter ce dispositif pour accompagner et mettre en œuvre ces Emplois d’avenir. Il y va de l’intérêt général de notre territoire, de notre pays, pour redonner un espoir aux jeunes de notre pays.
Dans l’espoir que, dans un avenir proche, nous n’ayons plus besoin de recourir, comme le fait notre pays depuis 10 ans, au traitement social du chômage. Avec les différents outils mis en œuvre, l’objectif est bien de favoriser la création d’emplois dans les secteurs marchands et industriels.
Faire reculer le chômage et relancer l’économie, c’est la seule finalité qui s’impose à nous.
Je vous remercie.